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« Présenter un budget en équilibre est un travail difficile et périlleux » (Jacques Respingue). (Photo « LE PAYS » - Danièle Grillon) |
DITES-NOUS, MONSIEUR LE MAIRE L'homme qui compte Maire de Recouvrance depuis 1989, Jacques Respingue géra son petit et charmant village avec le triple souci d'économiser, de participer et de servir. JE SUIS RAVI d'être de Recouvrance, un village dont on tombe amoureux. Courte et résumée en treize mots, la déclaration d'amour de Jacques Respingue à son village de Recouvrance respire la certitude et l'enthousiasme. A l'écouter décrire le calme et le beauté de l'étang des Vernes, le charme des collines des Grands Champs ou la quiétude des Prés sur la Prusse, il est certain que, pour son petit village, grande est la passion du petit maire de Recouvrance. Et pourtant, Jacques Respingue n'est pas originaire du village, mais de Grandvillars. Les aléas de la guerre le font naître en 1943 à Montluçon, où la famille Respingue s'est réfugiée. Mais dès 1944, Henri et Maria, les parents de Jacques, retournent au pays et retrouvent Grandvillars et la Cité Blanche. EDUCATIONLe même Jacques fréquente l'école primaire, puis le centre d'apprentissage Viellard aux Forges. Nanti d'un CAP d'électromécanicien, comme son père et la plupart des Grandvellais de l'époque, il entre dans l'univers Viellard, travaillant pendant deux années au service électrique. En 1963 arrive le temps du service effectué au 3e régiment de hussards à Stuttgart en Allemagne. La vie militaire séduit Jacques Respingue qui s'engage et passe dix années à Stuttgart. Ayant épousé en 1965 Chantal, native de Recouvrance, il obtient en 1973 sa mutation pour le 1er régiment de dragons à Lure. Diplômé de chancellerie, à Lure comme en Allemagne, il a la charge le secrétariat du chef de corps. GESTIONDans le cadre de ses fonctions, l'adjudant-chef Respingue s'occupe du logement des militaires et de leurs familles. Pour ce faire, il est en rapport avec la Société nationale immobilière, une société d'économie mixte où l'État est majoritaire. En 1978, il apprend que le poste de responsable de la SNI à Belfort est disponible. Il pose sa candidature. Accepté par la direction montpélliéraise de la société, il quitte l'armée après quinze années de service et devient responsable de l'antenne belfortaine de la SNI, gérant depuis son bureau de Recouvrance, 312 logements répartis dans le quadrilatère Belfort - Héricourt - Montbéliard - Delle. Entre temps, en effet, l'amoureux de Chantal et de Recouvrance, a construit, rue de l'Écrevisse, sur un terrain appartenant à sa belle-famille, la maison où grandiront Christelle, Anne-Catherine et Thibaut. Entre son nouveau métier de gestionnaire, l'éducation des enfants et sa passion pour la pêche, dix années s'écoulent avant que la vie de Jacques Respingue neconnaissent en 1989 un nouveau tournant. ÉLECTION1989, l'année des élections municipales et du bicentenaire de la Révolution est particulièrement agitée à Recouvrance où pour des motifs divers, quatre listes se constituent, alors que le village ne compte que 41 électeurs inscrits. Les qualités de gestionnaire étant connues, Jacques Respingue est fortement sollicité. Mais n'étant pas originaire du village et ne portant jusque-là aucun intérêt aux affaires municipales, il décline par deux fois les propositions. Contacté une troisième fois, légèrement agacé et interpellé, il décide finalement de s'engager en précisant que seule la fonction de maire l'intéresse. Chaud partisan du bénévolat, il entend s'investir totalement, un engagement qui ne peut être une demi-mesure. Le résultat du soutien est aussi complexe que la campagne. Aucune liste n'est majoritaire. Elu avec trois colistiers, Jacques Respingue devient finalement, comme il le souhaitait, maire par cinq voix contre trois et une abstention. Si la campagne a été fiévreuse, les lendemains d'élection sont plus calmes. Avec le temps les clivages disparaissent. Il n'y a pas d'opposition virulente ou systématique. L'intérêt commun prime et en 1995 Jacques Respingue est réélu sans opposition à la tête d'une liste comprenant la quasi totalité du conseil sortant. BUDGETCette réélection aisée témoigne de la satisfaction des habitants de Recouvrance qui ont notamment apprécié la rigueur et la disponibilité de leur nouveau maire. A la tête d'un conseil formé essentiellement de cadres de société et de professions libérales, Jacques Respingue gère, en effet, sa commune comme une entreprise. Homme de chiffres, sa première préoccupation est la bonne santé financière de la commune avec, en priorité, la résorption de la dette. Pour construire, la mairie qui manquait au village, le prédécesseur de Jacques Respingue, Albert Babe a eu, en partie, recours à l'emprunt. Le maire reconnaît que cette construction élégante et fonctionnelle est une réussite, mais la commune doit désormais rembourser. Bien étalées, les annuités ont diminué de moitié depuis 1990 passant de 30 000 à environ 15 000 F. Par ailleurs, pour que ce bâtiment tout neuf soit utilisé au maximum, il est devenu siège du syndicat intercommunal d'emploi qui réunit les communes de Boron, Courcelles, Grosne, Recouvrance et Thiancourt et dont Jacques Respingue est le président. RECETTESToujours côté chiffres et budget, compte tenu des revenus plus que modestes de la commune, Jacques Respingue a cherché et trouvé de nouvelles sources de recettes. Des plages publicitaires ont été introduites dans le bulletin municipal d'information, une opération qui rapporte à la commune plus d'argent que la taxe d'habitation. D'autre part, et à l'exemple de leurs prédécesseurs, le maire et les adjoints reversent au budget municipal leurs indemnités, 50 000 F par an, « un cinquième du budget communal et de quoi couvrir les frais de scolarité de tous les enfants de Recouvrance », précise le maire qui aime les chiffres, un maire qui ajoute : « C'est une démarche normale, car dans une petite commune, le bénévolat est de règle ». CHANTIERSCe bénévolat se pratique également côté travaux. A Recouvrance, la solidarité est une pratique et l'abri-bu,s par exemple, a été entièrement repeint par une efficace équipe de volontaires. Les autres chantiers importants du village ont été la réfection de la rue du Cournot, l'aménagement d'un parking devant la mairie, l'entretien, balcon et menuiseries extérieures, de la mairie. ENVIRONNEMENTEn 1995, la situation financière étant meilleure, « on a pu se permettre quelques folies », dixit monsieur le maire. La commune a participé à la campagne « fleurir la France » se classant 5e en 1995 et 1996, puis 3e en 1997, une récompense pour les nombreux volontaires qui ont nettoyé, débroussaillé et fleuri le village avec l'aide d'une subvention municipale « limitée à 3000 F », précise M. Chiffre-Respingue. Côté environnement, après baptême, les rues ont été dotées de plaques aux armes du village, une réalisation dont le mérite revient à Daniel Nicolas, l'historien de la commune. PROJETSParmi les projets, fleurissement et environnement sont des priorités. A court terme également le maire envisage d'aménager un coin cuisine dans la très belle salle du premier étage de la maison communale pour offrir de nouvelles possibilités d'utilisation aux habitants du village. A plus long terme, il faut déjà penser au ravalement de la façade du bâtiment mairie. Dernier problème, l'assainissement est mission impossible pour des finances communales « un coût surréaliste » précise le maire. La solution passe par une coopération intercommunale, mais surtout pas par la communauté de communes dont Jacques Respingue est un farouche opposant, car « les petites communes y perdraient leur identité et ce nouvel échelon administratif ne ferait qu'ajouter une ligne de chiffres sur la feuille des impôts locaux ». SATISFACTIONLe maire est par contre très favorable aux syndicats de communes. Recouvrance adhère à huit d'entre eux, les plus importants étant le RPI avec Autrechêne, Brebotte, Grosne et Vellescot et le syndicat d'emploi. « On y retrouve les élus de base, les hommes de terrain ». Après neuf années de mandats, ces rencontres enrichissantes justifient l'engagement de Jacques Respingue qui conclut : « Je ne regrette rien. Par tempérament je vais jusqu'au bout. J'ai découvert. J'ai appris ». Des acquis et des satisfactions qui pour une fois... ne se chiffrent pas. René GRILLON
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